Le voyage dans la peau

Sur Tenerife, une des îles des Canaries, on ne peut pas passer à côté de son volcan : le Teide ! De ses 3715 mètres, il domine toute l’île, c’est un des plus grands volcans du monde. Lorsqu’il fait beau, on l’aperçoit d’un peu partout quelque soit le lieu où l’on se trouve sur Tenerife.

Pour nous, sportifs, il était donc inconcevable de visiter Tenerife sans venir voir le Teide de près.
A savoir que pour accéder au sommet du volcan, il faut un permis. C’est juste une autorisation, c’est gratuit, mais le hic c’est qu’il faut le réserver plusieurs mois à l’avance, et il donne accès au sommet durant seulement 2h. (Créneaux 9h-11h ou 11h-13h ou 13h-15h ou 15h -17h).
Nous n’avons malheureusement pas pu avoir ce permis, il nous restait donc une seule solution pour y monter : y aller entre 17h et 9h du matin…

C’est un peu chaud, car il faut environ 4h30 de marche pour atteindre le sommet, sachant qu’il y a l’altitude à ne pas négliger, et qu’il faut être redescendu jusqu’au refuge d’Altavista avant 9h. Il faut donc randonner à la frontale.
Nous étions partis de France avec cette idée en tête, afin de voir le lever de soleil depuis le pic du volcan. Cependant, la météo n’a pas été en notre faveur la semaine où nous étions là. Le téléphérique était même fermé pour cause de neige et vent. Tous les jours nous regardions la météo, mais les chemins menant au volcan demeuraient fermés, ainsi que le téléphérique.
Nous avons donc décidé sagement de ne pas monter de nuit en plus, vues les conditions météorologiques (et avec du recul, heureusement !), mais d’aller tout de même dans le parc national où il est possible de faire d’autres randonnées moins élevées, comme la randonnée Roques de Garcia qui fait 2heures.

Nous voilà donc partis le mercredi matin, de bonne heure, en direction du parc national du Teide.
Pour aller au Roques de Garcia, nous passons devant le parking de la montana blanca, où se trouve le départ du sentier n°7 que nous voulions faire pour atteindre le sommet du volcan. Plusieurs voitures y sont garées, le parking est même complet car très petit (10 places), et nous croisons un randonneur qui s’apprête à monter. En discutant avec lui, il nous dit que le sentier est ouvert, pas de souci, et nous indique un parking un peu plus loin où se garer !
Nous avons alors du mal à le croire, finalement nous allons pouvoir faire l’ascension du Teide !

Nous voilà donc partis pour l’ascension du Teide sur le sentier n°7 que nous n’espérions plus pouvoir faire. Le début est assez facile, ça monte un peu, mais le chemin est large.

Au bout d’une vingtaine de minutes de marche, nous croisons les gardes qui patrouillent dans le parc. Ils nous alertent (en anglais) sur le fait que nous ne pouvons pas monter jusqu’au sommet car il faut un équipement d’alpiniste, mais que nous pouvons aller jusqu’à la Montana Blanca d’où il y a une très belle vue. Nous acquiesçons et continuons notre chemin sans être certain d’avoir tout bien compris.

Toute la première partie se fait assez facilement, malgré une légère ascension. Nous profitons de ce paysage lunaire magnifique, on se croirait presque sur Mars (de ce qu’on en voit dans les films) !

Au bout d’1h30 de marche, nous arrivons à une intersection où se trouvent des panneaux.

Ce qu’on ne voit pas sur la photo, c’est que sur la droite, en direction du sentier n°7 vers le refuge Altavista, se trouve un autre panneau indiquant que le sentier est interdit sans équipement alpin. Et dans une autre direction est affichée la Montana Blanca.
A ce moment là les idées se mettent en place dans ma tête, et je comprends que les guides nous interdisaient bien de prendre le chemin n°7 nommé la Montana Blanca, et nous conseillaient d’aller sur la Montana Blanca où il y a un très beau point de vue.

La joie descend et fait place à la déception. Nous n’avons fait qu’1h30, le panneau annonce la Montana à 800m, c’est trop peu pour nous. On regarde le chemin n°7 et en même temps on ne voit pas ce qui gêne… On aperçoit même des randonneurs un peu plus haut… Non sans appréhension de ma part, nous choisissons de poursuivre sur ce fameux sentier de la Montana Blanca.
Au bout d’environ 30-40 min, nous croisons un marcheur qui nous dit que nous avons de la chance car désormais les guides du parc sont postés devant les panneaux et interdisent aux personnes de monter ! On regarde en arrière, et effectivement les guides dans leur 4*4 bloquent le passage aux marcheurs. Nous sommes contents d’être passés in extremis, et en même temps cela me stresse un peu… On avance donc prudemment.

Cette deuxième partie jusqu’au refuge est beaucoup plus raide, on y va doucement, car on monte aussi en altitude. Et au bout d’1h30 environ nous atteignons le refuge d’Altavista.

Au refuge nous faisons notre pause pique-nique. La montée fut rude, on a besoin de reprendre des forces. Nous nous retrouvons avec le randonneur croisé dans la montée. Il hésite à poursuivre car la neige commence à être présente, mais il nous dit qu’il va y aller prudemment et ne prendra pas de risque s’il sent que c’est dangereux.
Nous faisons de même.

Depuis le refuge, nous avons mis 1h pour atteindre la plateforme d’arrivée du téléphérique. Le sentier était vraiment très enneigé, mais la neige accrochait, il n’y avait quasiment pas de verglas ! Par contre nous avons ressenti tous les deux un peu le mal d’altitude, la tête qui tourne. (Nous avons fait le Pérou et connaissons donc ce mal, nous y sommes allés doucement, chacun à son rythme !)
Trop heureux d’être allés si haut !

Il restait encore une petite ascension pour arriver vraiment au pic du volcan, et le parc étant officiellement fermé, nous n’avions pas besoin du permis (il n’y avait personne pour contrôler), mais nous n’avions plus de force.
Les derniers mètres de montée sont très rudes, il faut compter 1h pour monter, un peu moins pour descendre, mais les personnes qui ont tenté devant nous avaient l’air de glisser en plus, et nous n’avions plus assez d’eau. Il n’y a aucun ravitaillement sur le chemin.

C’est sans regret que nous repartons dans le sens inverse pour rejoindre la voiture.
Le trajet nous parut un peu long malgré que nous ayons mis moins de 3h pour redescendre, mais nous étions fatigués. Je pense que l’altitude y joue aussi pour beaucoup. Nous sommes montés à 3555 mètres, et avons gravi 1235m de dénivelé positif sur un peu moins de 9km.

Une fois arrivés à la voiture, on se pose un quart d’heure pour reprendre des forces, et on file ensuite à Roques de Garcia, à 20 min plus loin en voiture. On voulait tout de même voir ce rocher emblématique du parc national. On a marché un peu autour, mais incapable de faire 2h de plus… Une prochaine fois !

Ce fut vraiment une expérience extra une fois de plus !
Si vous n’êtes pas des sportifs comme nous, et que la météo le permet, il y a le périphérique qui fait toute cette montée. Et si vous avez le permis (autorisation), vous pourrez monter la dernière portion jusqu’au pic du volcan.